Iquitos tout de suite! Voici mon envie au sortir de ma semaine de diète (voir mon post sur l’Ayahuasca) proche de Tarapoto: ne pas perdre de temps et arriver le plus vite possible à ma prochaine destination, Iquitos, car des amis y sont déjà et j’ai envie de les voir! Mais voilà, on a beau vouloir, la vie, parfois, en décide autrement… Ne pouvant arriver à Iquitos par voie de terre, et le voyage en avion étant bien trop cher, j’opte donc pour le bateau. J’arrive donc à Yurimaguas à 10:30 du matin, et sans même lui jeter un coup d’œil, je saute dans un taxi et demande qu’on m’emmène au port au plus vite, en effet, sur le prospectus que j’ai entre les mains, il est écrit qu’un départ est prévu le jour même à 13:00.
Déception… rien à faire, l’office du tourisme de Tarapoto raconte n’importe quoi: aucun bateau ne part aujourd’hui. On m’explique qu’il faudra attendre après-demain pour partir avec ce gros bateau rouillé et rempli de cafards qui mettra au moins 3 jours à arriver à destination. De rage et de fatigue surtout, des larmes me montent aux yeux, là, en plein jour, devant les gentils péruviens qui n’y peuvent rien… Affligée, je n’ai vraiment pas envie de passer de temps dans cette ville portuaire, mais alors pas du tout…
Un agent du port, tout embêté de voir l’étrangère craquer à chaudes larmes, me dit alors que si je suis très pressée, pour une somme conséquente en plus, je peux prendre le rapide du lendemain matin et arriver le surlendemain en début d’après-midi. C’est mieux que rien, je renifle bruyamment, tentant vainement de sécher mes larmes qui ne semblent plus vouloir s’arrêter, et j’accepte de le suivre pour aller acheter mon billet.
C’est ainsi qu’une demie heure plus tard, enfin calmée, je trouve un hostel pas cher dans le centre puis j’ouvre pour la première fois les yeux sur ce petit port d’Amazonie où je vais devoir passer la nuit. Et quelle belle surprise… Tout d’abord ce sont les fêtes annuelles de la ville et le centre connaît une animation intense pendant 8 jours, des décorations en papier mâché sont suspendues au-dessus de chaque rue, les gens sont gais, les gosses se déguisent… Une charmante église bleue de style colonial égaie la place centrale, les rues sont propres, des tuc-tuc roulent tranquillement, sans stress.
Le gérant du petit hôtel où je loge me prend sous son aile et m’emmène un peu partout sur sa moto. Il a juste envie de parler à une étrangère car peu arrivent jusqu’à ce coin perdu du Pérou. Cultivé et ambitieux, il aime échanger des idées, apprendre des autres cultures, et surtout montrer son amour pour sa ville. Le soir venu, je décide de me promener à la “plaza de armas”, et, comme pour le village de Coina où je me trouvais il y a une dizaine de jours, je ne croise pas un touriste, agréable sensation en ce mois d’août où l’afflux touristique bat des records au Pérou! Et c’est la fête, des stands de jeux typiquement locaux sont installés le long des rues devenues piétonnes pour l’occasion, les familles et amoureux se promènent, insouciants et heureux, l’ambiance est bonne enfant, très tranquille.
J’ai envie de m’eloigner de la foule et je me dirige alors jusqu’au rivage, à quelques dizaines de mètres du centre… E je vois alors cette eau paisible paraissant ignorer la fête à deux pas de là… Je m’assois à même la terre, je lève la tête… surprise… c’est la pleine lune… Majestueuse, la lune éclaire les flots et se reflète sur le fleuve, elle semble me faire un clin d’œil comme pour me dire: “tu te rends compte de ce que tu aurais perdu si tu étais partie ce matin?”. En effet, à ma grande surprise, je me sens extrêmement bien ici, les gens me saluent dans la rue sans arrière pensée, les enfants me sourient en passant, il fait bon, tout est tranquille et sans danger, au milieu de cette cohue bienheureuse… C’est la pleine Lune à Yurimaguas…
Le gérant Mike, mon guide improvisé