En général, à vingt ans, nous sommes tous un peu rebelles, nous voulons changer le monde, vivre dans une société plus juste et puis… Avec les années on se calme, on se stabilise?
Et bien pas tous! Medardo fait partie de ceux qui lutteront jusqu’au bout, âgé d’une cinquantaine d’années, c’est le créateur de ce petit centre de secours et de réhabilitation des animaux d’Amazonie où je passe quelques semaines comme volontaire, mais il a en parallèle une grande passion… Comme il aime me le dire:
– j’écris des essais politiques! J’ai lu toute l’œuvre de Nietzsche, j’aime Socrate, Platon et aussi le Che!
Ça y est, le mot est dit…
Jour après jour, Medardo sensibilise sa communauté de paysans et de gens de la terre, il lutte contre les injustices et les inégalités qui sont nombreuses ici en Équateur, mais ce qui me surprend le plus, c’est comme il a “enrollé” ses enfants et tout particulièrement son petit dernier, âgé seulement de 11 ans mais dont la grande passion est de jouer quotidiennement au commando révolutionnaire avec ses copains…
Medardo me dit avec un grand naturel:
-les jeunes doivent se préparer, car il y aura certainement une 3ème guerre mondiale, les grandes forces impérialistes vont bientôt s’entredéchirer et ce capitalisme à outrance doit s’écrouler.
Il enchaine, vindicatif:
– Bénédicte, sois certaine que cela ne pourra se faire que par le sang, pas d’autres choix!
Mouais… Il est certainement mieux placé que moi pour souhaiter cette guerre, mais j’avoue être surprise par tant de radicalité…
Car Medardo est aussi un bon vivant, aimant chanter en voiture, gratter la guitare le soir chez lui en famille autour d’un bon repas rempli de joie et de rire, il me tient au courant des derniers résultats du mondial de foot, (la France et l’Equateur étant dans le même pool)… et puis tout à coup il nous dit, à nous les volontaires:
– Asseyez-vous, écoutez-moi, je vais vous lire un extrait du traité sur les nouveaux impérialistes et la lutte nécessaire des pays du sud…
Et c’est reparti! Je perçois en souriant son besoin de nous enroller aussi, nous qui venons des pays “riches”…
Il me dit, fier comme un coq, comment il est allé rejoindre, dans sa jeunesse, les révolutionnaires sandinistes au Nicaragua… Je lui raconte alors ma visite du musée de la Révolution dans la ville de Léon, il est ravi!
Quel personnage… Et son fils, que deviendra t’il une fois adulte? Seul l’avenir nous le dira…
Très bon de te lire et voir que tu es contente à la découverte de l’Amérique du Sud. Je t’embrasse
Merci! C’est un très beau voyage en effet :-). Bon été à. Cerca do. Sul!