Benetravel Blog Voyage en solo
Imaginez une magnifique petite île, qui, malgré le tourisme toujours plus nombreux, a su garder ses traditions et a réussi à développer un esprit solidaire peu commun de nos jours. Imaginez une petite île perchée à presque 4000 mètres d’altitude, sans aucun bruit de moteur, car il n’y a ni voiture ni moto, et où les bateaux freinent obligatoirement à son approche. Imaginez enfin une île ou les gamins jouent en toute liberté sur ses chemins de terre, où les cochons se promènent librement, accompagnés de leur compagnons les ânes poilus et vous regardent avec une parfaite indifférence.
Cette île magique et incomparable sur terre, c’est la lumineuse et poétique Isla del Sol, la plus grande du lac Titicaca, située du côté bolivien. Environ 2000 personnes y vivent et les différentes communautés qui la régissent ont développé un système “communiste” qui fonctionne parfaitement. Une grande partie de l’argent, gagné grâce au tourisme ou à l’agriculture locale est utilisé pour développer les infrastructures pour le bien commun et est reparti entre tous. Quelle que soit l’activité des locaux sur place, l’argent est redistribué de façon à ce que le plus pauvre puisse bénéficier des mêmes chances que celui qui a investit dans le tourisme. Au détour de nos promenades à pied, il faut donner parfois quelques sous pour la communauté locale, et cet argent va à l’entretien des sentiers et la gestion des déchets, mais surtout aux écoles. Ici aucune concurrence féroce, personne n’essaie de vous attirer pour manger dans son restaurant, il faut que tout le monde ait son petit lot de touristes, et puisse en vivre. Ici, pas de mandicité, elle est interdite, le vol est également interdit et sévèrement puni, et les gens vivent heureux, paisibles, et sont gentils avec nous. Ils ont tout compris, ils savent que la solidarité et le partage est plus bénéfique que le chacun pour soi, je suis impressionnée, quelle belle leçon!
J’y suis arrivé dans l’idée d’y passer une nuit (c’est tout petit, pas d’Internet, on a vite fait le tour, me dit-on) et j’y suis resté presque une semaine. Et oui, malgré l’altitude qui me fait l’effet d’être un poisson hors de l’eau tellement je manque d’air et je m’essoufle sans raison, malgré ce soleil impitoyable qui brûle ma peau pourtant super protégée et mes nombreux vertiges inexplicables… Enfin malgré le froid mordant de la nuit qui me prend par surprise et me glace les os jusque sous les nombreuses couvertures où je suis blottie en essayant de m’endormir, cette île m’offre parmi les plus beaux spots de mon voyage. C’est ainsi que j’ai assisté, une fin d’après-midi, à un lever de pleine Lune pointant son nez tout rond juste derrière la cordillère des Andes que l’on aperçoit au loin, ces glaciers encore éclairés par les derniers rayons oranges du soleil couchant, m’arrachant une larme de gratitude et me rappellant une nouvelle fois la chance que j’ai d’être en vie pour voir une telle beauté se déployer sous mes yeux. Enfin, j’ai la chance d’avoir rencontré des compagnons de route adorables et aussi émus que moi, avec qui j’ai partagé des randonnées de jour d’une beauté presque douloureuse, comme des repas du soir gais et bien arrosés, merci pour ces grandes conversations existentielles et ces instants de silence partagés. Je repars remplie d’un sentiment de béatitude absolu, ivre de couleurs, d’odeurs et de paysages hors du commun où l’extrême se mêle si harmonieusement à la douceur de vivre… À toi mon amie Karina qui nous a quitté si tragiquement il y a cinq mois, je te dédie ces quelques jours de pure beauté et d’émotions à fleur de peau…
Quand la lune arrive enfin…
Super team!
un lac qui me rappelle la mer…
Alpagas
âne poilu
Vue sur notre petit village au nord de isla del Sol
Instant magique
Miam?