Je termine ce mois d’août en réalisant, qu’à peu de moments près, je l’ai passé très seule. Après ma semaine de diète au fin fond de l’Amazonie, je suis la première surprise quand je réalise que j’ai ensuite passé 7 journées à Iquitos complètement seule, mes amis étant repartis juste avant avant mon arrivée. Et encore plus grande fut ma surprise de me rendre compte que je n’ai cherché à rencontrer personne, j’irai plus loin, j’ai gentiment rejeté toute tentative d’approche de la part des autres. J’ai passé tous mes repas seule au restaurant, sans que cela ne me pèse un seul instant. Tranquille, souriante, je me suis attablée à des terrasses parfois bondées, et j’ai mangé de délicieux mets avec bonheur et délectation. C’est comme si la plante Ajo Sacha, que j’ai pris 3 fois par jour pendant la diète (voir mon post sur l’Ayahuasca), continuait à exercer sur moi son travail d’épuration. Je sens que je m’affranchis naturellement d’un très grand poids: la peur de finir seule… Je réalise à quel point la société, les conventions, nous façonnent depuis la nuit des temps pour éviter cette terrible confrontation avec soi-même. Pourquoi cette certitude générale et absolue que le bonheur ne peut se trouver qu’avec les autres? L’autre soir, j’ai vu sur mon ipad un joli film français, à un moment donné, la vieille dame dit à sa jeune amie: “bien sûre qu’on ne peut être heureux qu’à deux, sinon la vie n’a pas de sens”. Partout autour de moi, dans les pays que je visite, je vois que les gens se mettent en couple très tôt car ils ont peur comme la peste de ne pas trouver un partenaire. Pourquoi a t’on ce besoin si vital et si irrépressible de partager avec une autre personne ses bouts de vie, comme s’ils perdaient de leur substance si on les passait seul? Depuis un mois, sans forcer, je me suis dépouillée de ce besoin d’aller constamment vers l’autre et je suis restée solitaire, et paisible. La peur du jugement m’a quittée, l’appréhension face au regard des autres s’est envolée en fumée. Il m’a fallu sept mois de voyage soi-disant en solo pour me rendre compte qu’à part quelques repas, je n’avais pas passé une seule période prolongée seule. Je suis passée experte dans l’art de sociabiliser, en tout lieu, en toute circonstance, depuis que j’ai l’âge de me faire des amis. J’aime profondément les autres et le partage, et cela ne changera jamais, mais je découvre avec plaisir que j’aime aussi être avec moi-même, et que ces moments sont aussi bons, car ils sont empreints d’une saveur toute particulière, la sérénité.